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Photo du rédacteurJerome D'Estais

Yalda, la nuit du pardon de Massoud Bakhshi

Huit ans après Une famille respectable, le deuxième film de Massoud Bakshi, Yalda, la nuit du pardon, s’attache cette fois à suivre les pas de Maryam le long de son double chemin de croix, condamnée à mort une première fois, pour avoir tué son mari, puis une deuxième, médiatiquement cette fois, obligée, sous l’œil des caméras d’une émission de téléréalité (réelle et très populaire en Iran), de convaincre la fille du vieux barbon passé de vie à trépas, de lui accorder son pardon pour sauver sa peau.



Critique d’une société du spectacle extrême, poussée jusqu’à l’absurde et l’indécence, doublée d’une attaque en règle d’un régime et d’une société dans lesquels inégalités des sexes et des classes sociales influent sur le droit de chacune, à choisir son destin, sa famille, quand ce ne sont pas les mots qu’il faut trouver pour ne pas mourir, le film intrigue cependant moins par son propos, aussi brûlant et louable soit-il, que par son côté volontariste.





Ainsi, Kammerspiel se déroulant exclusivement sur la scène et dans les coulisses de l’émission, le film de Bashi se présente d’abord de dos, humble, voilé, parti pour rouler, à un train de sénateur, sur les rails d’une matrice cinématographique nationale rôdée jusqu’à l’épuisement avec les années et les festivals internationaux, pour soudainement, comme si l’antagonisme entre tradition et modernité sur lequel il se construisait l’avait dopé, changer de braquet, de rythme, et découvrir son véritable visage : celui d’une petite machine de guerre qui, dans son désir de porter son cri plus loin que l’habituel territoire réservé au cinéma iranien (le récent cachet du Grand Prix du jury de Sundance faisant foi et lui permettant de basculer du côté de l’indépendance chic et toc, et par ricochets, d’aspirer à un destin plus mainstream), dévoile sa mécanique, implacable et rutilante, sa carrosserie un brin clinquante, à l’image de la photo de Julian Atanassov et de sa mise en scène au forceps. Une entreprise dont on ne remettra ni la sincérité ni l’urgence en cause, mais qui, pour arriver à ses fins, n’hésite pas à allier naturalisme à artifices et rebondissements en tous genres, ou à capitaliser, avec l’air de ne pas y toucher, sur les émotions du spectateur. Le résultat, à l’image du démontage final du décor de l’émission, révélant une scène de théâtre nue, est celui d’un film artificiel et en définitive assez peu habité. 

(Mary Cybulski / Netflix)

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